Les formes verbales sont traditionnellement classées en deux séries de trois personnes, la première est dite “singulier”, la seconde est dite “plurielle. Dans la première série, on observe que la notion de troisième personne est fort discutable : il ne s’agit pas d’une personne, un partenaire de la communication, mais bien plutôt d’une “non-personne”, dont la présence définit essentiellement une forme de texte, qui fut longtemps nommée “récit ” par opposition à ceux qui contiennent des “JE” ou des “TU” que l’on appelait jadis “discours ”, et que les spécialistes proposent de nommer désormais "formes embrayées de texte" et "formes non embrayées de texte". Il est, en tout cas, tout à fait fâcheux de les mettre sur le même plan.

D’autre part, il est faux de dire que le NOUS serait un pluriel de JE. (il ne peut en avoir !). En réalité, NOUS désigne un ensemble incluant JE , tandis que VOUS exclut ce JE de l’ensemble qu’il désigne. Notons au passage que VOUS est largement aussi souvent une forme du singulier, (forme de politesse) qu’une forme de pluriel.

On a donc tout intérêt à dissocier les formes verbales des énoncés embrayés, JE, TU, NOUS, VOUS, qui marquent ce type d’énoncés (et de la communication en général) et celles des énoncés non embrayés, avec les IL, ILS, ELLE, ELLES et des groupes nominaux sujets pleins, pour les travailler séparément.

En relation étroite avec ce qui vient d’être dit, il est essentiel de ne pas donner le même nom aux éléments qui marquent la personne du verbe pour la première catégorie et à ceux de la seconde : si l’on peut qualifier ces derniers de véritables pronoms, se substituant aux groupes nominaux sujets des verbes, il n’en est pas de même pour les quatre autres termes, JE, TU, NOUS, VOUS qui ne sont nullement des substituts. Même s’ils représentent des personnages, ils ne remplacent pas des mots (il ne faut pas confondre remplacer et représenter !) ; ce ne sont donc pas des pronoms et ils ne doivent pas être nommés ainsi. En fait, ce sont uniquement des marqueurs de personnes, 1e et 2e, que l’on peut à peine considérer comme des sujets de verbes : il faut en général recourir à une forme accentuée, comme MOI ou TOI, ou la répéter, quand il s’agit de NOUS ou VOUS, si l’on veut marquer le sujet du verbe. On a pu dire qu’ils jouaient le rôle de “désinence-placée-avant” ou sorte de préfixe, marqueur de personne, à l’instar des désinences verbales des langues comme l’espagnol ou le latin par exemple.

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